Il y a des mois entiers où je n'écris rien car j'en suis incapable. Toujours les mêmes angoisses, les mêmes soucis, les mêmes impasses, le temps qui passe sans que je le prenne. Mais aujourd'hui, c'est-à-dire plus globalement depuis cet été, je suis tellement heureuse, que je n'ai plus d'inspiration pour écrire. Je profite de mon bonheur sans vous le faire partager.

Mais, tenez, ce soir, en exclusivité... quelques bons moments :

L'été se termine et on commence à se souvenir que les séances calines sont moins rigolotes l'hiver, quand il fait 16° dans la chambre. On pense s'installer un poêle à bois dans la chambre, histoire de chauffer la pièce à 23° puis laisser mourir le feu dans la nuit. Deux questions se posent alors :
- Risque t-on l'asphyxie avec un tel système de chauffage dans la chambre ?
- N'est-ce pas trop ostentatoire de s'installer un tel système de chauffage dans la chambre : comme le nez au milieu de la figure, tout le monde se doutera que c'est un poêle de cul !
Mon amant a l'humour trop chic !

Quand on a fini de faire l'amour, que le chat en a marre d'emmerder les musaraignes dans le jardin, il vient miauler derrière la porte de la chambre et mon amant va lui ouvrir. Le chat entre en courant, hyper content de passer la nuit avec nous. Mon amant et lui commencent alors à jouer au papillon. Le chat vise un papillon de nuit, l'attrape, le relache, l'attrape et le laisse s'enfiler sous le lit ou derrière la table de nuit. Mon amant lui déplace alors les différents objets en l'encourageant : "vazy, il est là, juste là, allez !!!!". Je sombre alors dans une douce quiètude sans égale. Il n'y a rien à rajouter à cela.

La coupe du Monde me sort par les trous de nez. Mais c'est vrai que c'est un bon canalisateur d'énergie pour les foules. Pendant qu'elle regarde les matchs, la foule n'est pas en train de manifester pour ses salaires, l'évaporation des acquis sociaux ou les politiques hallucinantes qu'on tente de lui enfiler en douce.

Au ciné de la ville voisine, les places sont à 5€ pour les filles pendant le mondial ! En réalité, je vais vous le dire, les nanas dont les mecs sont plantés devant la tv préfèrent largement vivre une histoire torride avec un bel apollon qui se contrefout du foot. Mais ça reste entre nous hein ! Elles peuvent ainsi hurler leur plaisir dans les clameurs de foot : ni vu, ni connu.
Bon, pour celles qui préfèreraient y aller entre copines pour mater Hugh Grant dans un film, c'est 5€, mais en tout petit, il est écrit Sauf le samedi. Evidemment.... Mais le pire est à venir : il est aussi écrit en tout petit, après pour les filles, également pour les garçons habillés en filles. Véridique ! Pour le coup, c'est mon Appolon (qui n'aime pas le foot) qui a été vexé : "ça veut dire quoi, que les mecs qui n'aiment pas le foot sont des pédés* ?" Mais perso, ce qui me choque le plus c'est plutôt "habillés en filles" : ça veut dire quoi ? en jupe avec couettes ? ou un tshirt et un 501, ça passe ?
1er effet mondial : on se rend compte à quel point il reste des cons sexistes et machistes pour sortir de telles conneries.

2ème effet mondial : hier soir, après la victoire de la France contre l'Espagne, les boeufs sont sortis en nombre, en beuglant comme des connards et se sont mis à faire le tour de la ville par le périphe, en faisant rugir les moteurs de leurs 206 qui leur sert d'extention pénienne. Accélération maxi au feu vert, incrustation de 2cm d'épaisseur de pneu sur le macadam, démarrage à font pour attendre 120km/h avant le prochain feu à 150m, freinage maxi pour redéposer 2cm de pneu sur la chaussée, et accélération du moteur durant 3 minutes sur place. Normalement, au bout de 10 tours de périph, il ne devrait plus rester de pneu.
Debouts dans les décapotables (ou par les fenêtres), à moitié à poil, agitant des drapeaux bleu-blanc-rouge, hurlant et s'agitant comme des aliénés, ils faisaient vraiment peine à voir. A un moment même, une voiture s'arrête à notre hauteur, et le conducteur, éprouvant soudain un besoin de communier dans la joie ultime avec nous, sort le haut de son corps par la fenêtre et commence à pousser un râle semblable à celui du lion qui vient d'abuser de la lionne. Pathétique.
Comme si tout cela ne suffisait pas, nous avons également vu passer une 205 dont le capot avant été recouvert de 8 tarés qui n'avaient pas trouvé de place à l'intérieur et qui s'agitaient aussi comme des cinglés. Je voyais déjà l'un d'entre eux glisser à l'avant et se faire aplatir comme un hérisson par la voiture. Je ne sais pas si je me serais arrêtée pour lui porter secours, parce que ma mensuétude à des limites qui ont été largement outrepassées hier soir.

L'intérêt du mondial, c'est quand même de montrer à quel point les gens peuvent être ridiculement cons, et manipulables à loisir. Je suis consternée. Avant hier déjà, j'étais déçue par l'humanité, mais vous imaginez aujourd'hui?......

* les amis comprendront, pour les autres, je précise que c'est du second degré

C'est étrange de se sentir mal quand tout va si bien. Mais c'est ainsi, toujours cette épée au-dessus de ma tête tenue par un cheveu. Ce n'est pas très solide un cheveu.
Pourquoi ai-je toujours ce sentiment de catastrophe imminente, cette crainte de tout perdre tout d'un coup ? Ce n'est pas logique, après avoir tant oeuvré à construire le bonheur, de vivre éternellement dans l'angoisse de le perdre.

Est-ce le souvenir de ma mère qui passait son temps à se suicider et que je n'étais jamais sûre de retrouver le soir ? Est-ce l'héritage de ma grand-mère qui passait son temps à se faire du mouron pour ses enfants, ses petits enfants ? Est-ce les morts successives dont les annonces sont insupportables ? Est-ce ce nouveau statut de mère qui développe automatiquement l'angoisse de perdre ses enfants après les avoir fait naître ? Est-ce le fait de les sentir trop loin de moi quand elles sont chez leur père ? Est-ce l'accumulation des craintes de se faire prendre en flagrant délit d'adultère ? Est-ce cette insupportable idée de la mort qui ne me quitte pas ? Est-ce que ce bonheur est si précieux que je vais passer ma vie à craindre de le perdre comme un avare ses pièces d'or ? Je ne sais que trop que l'histoire finit mal, tout simplement parce qu'elle finit. Et je ne sais pas comment faire pour oublier ça.

"Tant que l'homme sera mortel, il ne pourra pas être totalement décontracté"

Woody Allen

- accepter de ne voir mes enfants qu'à mi-temps
- accepter que durant ce mi-temps de garde alternée, les choses ne soient pas toujours aussi idéales qu'on le souhaite
- dormir plus de 7h par nuit
- prendre des vacances, des vraies où je me repose sans contrainte de temps
- être considérée par mes supérieurs (même si je le suis déjà par mes collègues en interne et ailleurs) avec une reconnaissance de mon activité et un salaire un peu moins minable
- retrouver un rythme de travail satisfaisant (c'est lié au point précédent ceci-dit)
- retrouver ma patience
- perdre moins de temps sur Internet