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29 janvier 2008 2 29 /01 /janvier /2008 18:49
Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Maman, j'ai plus de pantalons !
Y'a plus de pijama pour le bébé !
Chérie, tu sais où il y a des chaussettes  propres ?

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Il faut manger équilibrer quand on allaite, des légumes, des laitages. Ben oui, faut aller faire des courses tous les 3 jours et faire à manger tout le temps. Mince, en plus, ça salit les casseroles et la cuisine ! faut nettoyer....

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Pour éviter les allergies des bébés nés en hiver, il faut aérer les chambres tous les jours, et passer l'aspirateur régulièrement.

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Ah, déjà 16h10, faut aller chercher les grandes à l'école...

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Tu mets des serviettes de table en papier, tu n'as pas de serviettes en tissu ??

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Faut marcher un peu tous les jours, ça fait du bien pour reprendre sa forme d'"avant" et ça fait du bien au bébé.


Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Mes pieds sont totalement rèches et plein d'écailles sous le talon, mais c'est facile, il suffit de poncer et hydrater tous les jours !

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Votre carte vitale présente une erreur 73 à la mise à jour, il va falloir aller à la sécu directement pour la changer...

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Pour des raisons d'hygiène, il faut repasser les petits linges de bébé, ça tue les microbes.

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Maman, faut m'aider à faire mes devoirs, je n'y comprends rien !

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Mais ça fait des semaines que tu n'es pas passée me voir ! Oui, mamie, je sais....

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Il faut continuer à se masser avec des huiles contre les vergétures, c'est maintenant que le poids diminue qu'il faut que la peau soit entretenue !

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Je passerai cet après-midi, t'amener un petit quelque chose pour le bébé.

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
A 8h, l'électricien viendra pour changer le tableau électrique, mais ça risque de déranger le bébé, à cause de la percesseuse à percution.

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Et ne pas oublier d'aller faire la visite des 1 mois pour le bébé et le vaccin à 2 mois. La grande a un rendez-vous chez le dentiste à 18h.

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Devinez quoi ? le concours administratif que vous avez passé en octobre, vous vous souvenez ? ben on a perdu un paquet de copie et il va falloir repasser une épreuve !

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Maman, je veux un calin, je veux que tu me lises un livre, tu ne t'occupes que du bébé !

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Ils sont où les habits du bébé dans la taille supérieure, plus rien ne va !!! Sûrement dans les cartons quelque part...

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Je ne sais plus où mettre les pieds, la maison est en total bordel, la table du salon est surchargée de papiers en tout genre.

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
EDF, Générale des Eaux, Impots n'arrêtent pas de m'envoyer des courriers, paraît que les factures sont en retard ?!

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Cinq fois par jour, le téléphone sonne et des enfoirés me disent qu'ils ont une bonne nouvelle pour moi, une bonne affaire ou qu'ils font une étude GRATUITE sur ma commune pour isoler les fenêtres, adoucir l'eau, changer mes meubles. Souvent, ils téléphonent 2 fois de suite, car je suis sur l'annuaire et monsieur aussi.

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Les enfants vont à l'école à 8h30, il faut les lever, les faire déjeuner, les coiffer, gueuler pour qu'elles s'habillent en moins de 40 min... Elles ne se brossent même pas les dents, jamais le temps.

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Ce matin, je me suis recouchée à 8h40. Le facteur est passé avec un colissimo et ça a réveillé le bébé. Le temps que je me lève, il était parti.

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Ce matin, je dois me lever et m'habiller avant 10h pour aller chercher mon colissimo à la Poste...

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Maman, mes pantalons sont trop petits, je n'ai plus rien à me mettre ! Maman, faut préparer mon kimono pour jeudi, mon sac de voyage pour ma classe de neige !

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Y'a plus de fruits ? y'a rien pour le goûter ? T'es pas allée en course ?

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Maman, j'ai l'anniversaire de Kévina mercredi, faut aller acheter un cadeau !

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Le bébé a 3 mois, vous n'avez toujours pas fait les faire-parts ! Et vous  n'oublierez pas de remercier pour les cadeaux....

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Maman, tu me prépares un costume de princesse Pitch pour carnaval ?

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Le mercredi, la grande a de la musique le matin, et l'après-midi, centre aéré de 13h30 à 17h. Bébé se réveille à 14h15 et se rendort à 16h.

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
N'oubliez pas le rendez-vous post-partum chez le gynéco, sans oublier la rééducation chez le kiné durant 10 séances.

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
J'ai une tête de déterrée, le ventre qui pend, mon moral baisse... Faut prendre soin de toi ma chérie, prendre des bains, faire des gommages, des masques, allez chez le coiffeur, chez l'esthéticienne !

Faut vous reposer, faut faire des siestes en même temps que le bébé !
Chérie, tu n'as pas envie de faire l'amour ce soir ?

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26 janvier 2008 6 26 /01 /janvier /2008 10:34
"- ça s'achète où l'acide citrique ?
- pour quoi faire ?
- des bombes
- heummmmm....."

Dans la série, "on fait nos cosmétiques tous seuls car les cosmétiques du commerce sont remplis de merde", voici comment on fait les bombes de bain avec de l'acide citrique et du bicarbonate de soude :
Chez Banlieusardises, tabarnacle !
ou chez Les soins naturels, qui a le bon coup d'appeler ça des bonbons effervescents
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10 décembre 2007 1 10 /12 /décembre /2007 09:36
Je pense que si je parlais aujourd'hui de cela à mes parents, ils se moqueraient de moi. Quelque chose de si évident : je ne vais pas réinventer le fil à couper le beurre... Et pourtant !

Comment a-t-on pu se laisser enfiler que pour nettoyer les fesses des bébés, rien n'était mieux que les lingettes jetables ou la lotion Musleta ou les tonnes de produit qui sont sur le marché. Comment avons nous pu arrivé au stade où nous ne pensons même plus que des fesses de bébé, ça peut se nettoyer avec un gant de toilette, à l'eau ou avec un tout petit peu de savon ? En 30 à 35 ans, nous avons oublié tout ça, totalement.
Si nous aimons vraiment nos bébés, nous devons leur donner le meilleur, c'est à dire l'hygiène maxi (les lingettes usage unique), l'alimentation idéale (les petits pots industriels), les fesses super au sec (les couches blanchies au chlore). Le meilleur... Et cela nous est rabaché, confirmé, réaffirmé, jusqu'à la maternité où tous ces produits, toutes ces marques sont présents, pour nous faire tester et nous donner de "bonnes habitudes".
En sortant de la maternité, nous avons racheté un paquet de couches (au cas où, parce que sinon, j'ai des couches lavables). Eh ben, bingo, mon chéri a acheté les mêmes que celles de la maternité. Efficacité à 100% de la campagne promotionnelle pour jeunes parents !

Ben, je tenais quand même à dire que se sortir de ce contexte, c'est pas forcément si facile, et quelque part, j'ai quand même l'impression d'avoir réinventé le gant de toilette (usage unique aussi ceci dit, je le mets à la machine tout de suite, évidemment) pour les fesses de ma fille. Ok, pour les plus de 55 ans, je suis ridicule, ok....


Reste à noter que ma puce a les fesses lisses et douces comme au 1er jour et ce n'est certainement pas le cas de la plupart des bébés à qui on est obligé de coller des crèmes contre les érytèmes fessiers. Mais c'est normal, ça fait marcher le commerce et l'économie de la France ! Youpi !
Photo : www.jeunepapa.com


Autre point, quand on touche une couche lavable toute douce et une couche jetable en plastique avec les petits élastiques "là", y'a pas photo... N'oubliez pas qu'aujourd'hui, c'est la machine à laver qui se tape tout le travail, alors franchement, y'a pas à trop hésiter !
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31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 10:07
Combien faut-il d'ingénieurs en énergie nucléaire pour changer une 
ampoule électrique?

7 : un pour changer l'ampoule, et 6 pour déterminer quoi faire de
l'ancienne pour les 10 000 prochaines années.
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28 octobre 2007 7 28 /10 /octobre /2007 19:35
Je dois accoucher d'ici un mois ou un poil plus. Je me dois alors d'être prête, tant au niveau des si sexys slips jetables, des bodies pour le bébé (histoire de ne pas avoir l'air d'être une trop mauvaise mère) et les papiers indispensables : carte de groupe sanguin (au cas où je me vide de mon sang), carte vitale (parce que sans ça, on accouche sur le trottoir), carte de mutuelle (pour avoir une chambre seule et pas avec une autre parturiente qui ronfle toute la nuit ou pleure toute la journée) et surtout-surtout, indispensables, les étiquettes de sécurité sociale. Or, ces étiquettes, mystère, je ne les ai pas, je ne sais pas ce que c'est....

Lors de ma dernière visite à la maternité, grosse visite du 3ème trimestre, échographie de 10 minutes (67,75€), j'ai posé LA question à la secrétaire du gynéco. C'était avant que l'on attende 2h dans la salle d'attente et que le gynéco nous dise "voilà un bras.... on a déjà vu l'autre hein ?.... parce que là, on ne le voit pas, mais bon....". Sinon, j'aurais été plus stressée...
"Les étiquettes sécu ! ah oui, il les faut... il faut aller à la sécu, leur demander, ah ben non, pas le choix... c'est comme ça la sécu". Et là, j'ai compris que, au-delà de l'épreuve examen gynéco, j'allais devoir me taper l'attente à la sécu et la confrontation avec l'heureuse fonctionnaire bien dans sa tête et dans son travail, accueillante et sympathique qui constitue l'exemplarité de l'accueil de la sécurité sociale. Je me voyais déjà ridiculisée devant 50 personnes, la fille qui a perdu les étiquettes de sécu pour son suivi de maternité, la honte, la preuve qu'elle ne saura jamais s'occuper efficacement de son enfant, qu'un placement pourrait même commencer à être envisagé, car, qui sait, après avoir égaré les étiquettes, elle oubliera peut-être l'enfant dans le bain, sur le palier, ou dans un magasin de fringues. Je me préparais à l'accouchement sous X...

Arrivée à la sécu, comme il est indiqué "Personnes handicapées et femmes enceintes prioritaires", j'ai fermé les yeux et foncé sur le comptoir d'accueil, ignorant les 20 personnes qui faisaient la queue pour atteindre ce premier objectif. Je sentais leurs regards me transpercer le dos, des milliards de flèches de haine à travers ma doudoune orange rembourée en poils de canards. Certains ont commencé à gueuler et le plus proche de l'accueil à me pousser pour donner son ticket à l'aimable fonctionnaire désignée pour à ce poste. La dite fonctionnaire n'était pas pressée, car parti le précédent client (heu... non... bénéficiaire), elle bidouillait des trucs sur son ordi, sans lever le regard, pendant que la foule commençait à gronder autour de moi. L'instant a duré 15 secondes, une éternité. Quand elle a ré-émergé, elle a pris le ticket du gars qui m'éjectait de ma place de grosse baleine prioritaire, sans un regard pour moi. Pour éviter le lynchage généralisé, j'ai dû lui faire signe et annoncer que "bon, ben, heu... je n'ai pas de ticket, mais... heu....". "Ah !!! je n'avais pas vu !!!".
Elle a rendu le ticket au gars, qui a dû reculer d'un pas, rouge de rage.

Là, je me suis dit  "c'est bon, première étape franchie, ça roule ma poule, elle va te sortir tes étiquettes !". Grave erreur. Comme j'étais en train de lui expliquer mon problème à voix basse pour éviter de mettre l'intégralité des personnes présentes au courant, et elle, en train de tenter de comprendre ma demande, l'alarme incendie c'est déclenchée. Dans ses yeux, j'ai vu la panique et le décrochage immédiat de mon pauvre petit problème merdique. Elle devait sauver sa peau. Elle a sauté hors du guichet et est partie chercher ses affaires au vestiaire. Ces collègues ont commencé à sortir des bureaux avec des "qu'est ce qui se passe, ah mais c'est l'alarme, il faut sortir, on n'a pas été prévenus, ce n'est pas un exercice... il faut sortir... ah mais les gens s'en fichent, c'est dingue ça, c'est l'alarme et tout le monde reste là... il faut sortir !!!!!".
"Attends Josette, je téléphone pour savoir...."

Pensez-vous vraiment que des gens qui attendent là depuis 30 minutes debout (pour atteindre la 1ère étape) ou 1h assis (pour atteindre la seconde, le bureau des cas les plus difficiles non gérables à l'accueil) allaient sortir et risquer de perdre leur place ??? Il faut vraiment être hors des clous pour croire ça : ces fonctionnaires-là doivent vraiment être des extra-terrestres pour ne pas saisir cette évidence de la psychologie humaine ! Quitte à brûler, ils ne perdraient pas leur place, et sortiraient de là au plus tôt, notamment avant la fin de la journée scolaire, en ayant résolu leurs problèmes.
En même temps, l'endroit est un rez-de-chaussé, avant de larges portes, des fenêtres partout et pas une odeur de fumée. Franchement, on ne se sentait pas du tout en phase de brûler...

Mais Josette nous regardait d'un air méprisant en continuant de dire "Mais les gens s'en fichent, c'est l'alarme et ils restent là, alors qu'il faudrait sortir, c'est fou ça ! Ils s'en fichent, ils restent là, ils ne bougent pas", et je me suis à nouveau dit que je risquais le placement de mon bébé si je continuais à le mettre en danger en restant là plantée en attendant que l'alarme s'arrête, soit totalement incinérée, soit par l'intervention d'un technicien.
La collègue de Josette, outrée, n'arrivait à joindre personne au téléphone. Toutes étaient là, prêtes à partir, l'air effaré et exaspéré, parce que finalement c'était peut-être un exercice dont elles n'auraient pas été prévenues. C'est alors que miracle, l'alarme s'est éteinte. Oui, mais Josette continuait à dire que l'alerte n'était pas passée, qu'on ne savait pas ce qui arrivait, pourquoi l'alarme s'était déclenchée, que nos vies continuaient à rester suspendues à un cheveu, et qu'on était là, avec l'air de s'en foutre totalement.
Ma p'tite dame de l'accueil était bloquée dans le couloir avec ses affaires personnelles, incapable de décider si elle devait reprendre son travail ou filer se mettre à l'abri dehors comme le prévoient les consignes de sécurité maintes fois rabâchée.
Enfin, la collègue de Josette parvint à capter une information valable dans son téléphone : un technicien avait déclenché l'alarme au cours d'une intervention de routine. J'ai senti que je pourrais sûrement garder mon bébé, que ma décision de rester était certes risquée mais finalement justifiée. L'horizon se dégageait à nouveau.

Après re'passage au vestiaire, la p'tite dame de l'accueil rejoint son poste, et entreprit de reprendre le boulot. Je dûs refaire à zéro mon histoire d'étiquettes, car là, franchement, son cerveau avait fait table rase de mes petits problèmes de papier minables... "Ah, bon... je vais devoir vous envoyer vers une de mes collègues dans un bureau, car moi, je ne peux pas faire ça ici... Je vous donne le n° 186, parce que, vous voyez, c'est le n° que j'ai actuellement sur l'ordinateur" me dit-elle en notant 186 avec un stylo au dos d'un vrai ticket. Je pris le ticket manuel et allai m'effondrer dans un divan, constatant avec effroi que du côté des bureaux, on en étais au n°165. A priori 4 bureaux en activité et 19 personnes avant moi. J'étais atterrée. Ceci dit, il faut avouer que les canapés de la sécu sont sacrément confortables ! mais bon sang, je devais récupérer mes enfants à l'école moi-aussi, et n°3 n'arrêtait pas de me mettre des tonnes de coups de pieds dans l'estomac et les autres organes trainant par là. Elle faisait aussi ce petit truc si sympa avec les mains, genre pétrissage du pain au niveau de ma vessie. Mais à la sécu, si la femme enceinte ne doit pas attendre debout, elle peut bien attendre dans le canapé, ça ne pose aucun souci.

L'intimité des bureaux est toute relative. J'ai pu ainsi suivre plusieurs conversations impossibles entre des gens qui avaient des soucis administratifs avec la sécu et une fonctionnaire préposée, arrassée, irritée, méprisante. Je trouve ça terrible. Les gens ont l'impression d'être arnaqués, elle a l'impression qu'ils tentent de l'arnaquer elle, et toute son administration. Une confrontation directement tendue et sans solution satisfaisante. Une intimité pourtant protégée par des parois vitrées, mais dont la porte reste ouverte et dont les cloisons ne montent pas jusqu'au plafond. Est-ce une manière d'éviter d'être trucidé par un bénéficiaire en colère dans l'ombre d'un bureau opaque ? La mise en évidence de la transparence du système ? A travers les parois, on voit les gens tous tassés sur leur chaise, à la fois accablés par un fonctionnement qui les dépasse et les accable, ou comme prêts à bondir sur le fonctionnaire qui les exaspère. Mais bureau tellement envié au fur et à mesure des numéros qui s'égrènent sur le compteur digital.

Ici, entre 165 et 186, il n'y a pas 19 numéros. En fait, certains des numéros intermédiaires ont pu avoir réponse à leur question dès l'accueil, c'est à dire, dès le bureau A. Heureusement d'ailleurs, car les bureaux 3, 4, 5 et 6 n'ont pas traité beaucoup de dossiers pendant mon attente d'une heure. Le bureau 3 a vu passer 2 personnes, tout comme le 4. Le 5 a traité 4 dossiers, et c'est là que j'ai été enfin reçue une heure plus tard. Dans le bureau 6, j'ai vu entrer une personne seulement et qui n'est jamais ressortie...

Quand mon numéro s'est enfin affiché sur le compteur digital avec le numéro du bureau qui m'accueillait, l'angoisse s'est à nouveau emparée de moi. J'avais presque oublié, les étiquettes, le bébé, la maternité, l'incapacité dont je faisais déjà preuve dans mes fonctions de mère. J'ai recommencé mon histoire : "J'ai... heu... je n'ai pas.... je ne sais pas où trouver les étiquettes... les étiquettes de sécurité sociale que me demande la clinique pour l'accouchement".
"Mais.... ça fait 10 ans que ça n'existe plus !"

Si je n'avais pas moi-même accouché dans cette clinique pour ma seconde fille, il y a 5,5 ans, j'aurais vraiment été prise de panique sur la capacité de son personnel à m'aider pour cette nouvelle étape. A cette époque, j'avais les étiquettes. Mais bon, si la dame de la sécu me dit que ça n'existe plus depuis 10 ans... je ne vais pas chercher plus loin. C'est juste un après-midi de perdu au paradis du service au public, une expérience qui conclut pour une fois que les plus fonctionnaires ne sont pas forcément ceux que l'on croit, si on met sur ce terme un aspect péjoratif. Moi, je m'en fous, je vis avec un fonctionnaire (le père de n°3 même, reconnaissance anticipée faite en mairie le 19 octobre dernier, parce que n°3 conçue dans le péché...), et j'aspire à devenir fonctionnaire (concours passé les 23 et 24 octobre derniers, pour la 3ème fois)...
Et puis, ça me fera un truc à raconter à n°3, sur l'incroyable époquée qui fit qu'elle faillit ne pas pouvoir naître en cette année 2007 car sa mère indigne avait égarée les étiquettes.
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25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 10:14
Le tyran domestique, Anne Fine, Ed de l'Olivier au Seuil, 2006 traduit de l'anglais par Dominique Kugler



"Je me souviens avec horreur de ma tante Jane qui se mettait en quatre pour essayer de satisfaire tout le monde et qui, sous le poids de cette contrainte, se transformait en harpie"
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24 octobre 2007 3 24 /10 /octobre /2007 14:05
Quand j'étais petite, je lisais déjà des Martines : j'avais Martine à la piscine, Martine fait du théatre notamment. Quand je les ressors aujourd'hui pour les lire à mes filles, je me rends compte qu'à chaque page, Martine a une jupe mignonne mais tellement courte qu'on lui voit sa culotte blanche à dentelle. C'était avant...

Aujourd'hui, la jupe de Martine a grandi et le dessinateur doit être en taule, remplacé par un nouveau dessinateur... Sûrement...

Et dernièrement, j'ai vu apparaître Martine cover generator, où les couvertures des albums sont relookées pour notre plus grand plaisir. Vous connaissez ? Y'en a des bons, des moins bons, mais bon... ça me fait rire.

Mes préférés :
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11 octobre 2007 4 11 /10 /octobre /2007 13:07

Voici un petit conseil à l'usage des zoms qui écoutent France Inter et notamment les pubs de merde, insupportables et débilissimes (selon le principe même de la pub).


Je m'adresse surtout à vous, les zoms en couple, ou à ceux qui tentent de s'insérer dans une vie de couple. Vous savez que la pub contribue à tuer votre couple, à vous renforcez dans vos comportements machos qui font que l'on vous déteste ? Je m'explique....

Il y a actuellement une pub pour le porc (le cochon, jambon, cotelette, rôti, etc) qui passe avant les infos. Ordinairement, je saute sur la radio pour changer de chaine, mais là, comme je suis légèrement alourdie par la présence de n°3 dans mon ventre et d'un dos complètement bloquée, je subis parfois une partie de ce bourrage de crâne.
Donc, je vous raconte celle-là, si vous avez pu y échapper...

C'est un Ducon, super content de lui-même qui dit à sa femme que, ce soir, attention, top délire, il fait à manger !!! Sans déc, quel évènement ! Il a prévu un menu pour les enfants (qu'on fait manger en vitesse à 19h sur un coin de table) et un menu pour sa grognasse et lui-même (à déguster avant de passer au dessert, sous-entendu que le dessert, c'est une grosse gâterie sexuelle pour le beauf qui a fait à manger).
Bon, bien sûr, la nana fait à manger tous les autres jours de la semaine, du mois, de l'année, et elle n'en fait pas tout un plat, tous les jours, sinon, imaginez la scène : Au retour du beauf du boulot, la femme pourrait lui dire : "tu sais quoi mon amour ???? j'ai fait à manger ! si, je t'assure, c'est la folie et j'ai même fait la vaisselle, étendu la lessive, ranger les jouets des enfants, repassé le linge, lavé les chiottes, récuré la baignoire...." Vous imaginez la tête du gars ? "ben oui, évidemment, qu'est ce que j'en ai à faire de tes histoires de ménage dégueulasses, j'ai faim moi ! j'espère que c'est encore chaud !". Ben oui, forcément... C'est un coup pour lui gâcher sa soirée à Monsieur ! Il ne manquerait plus que la femme ne réclame un cunnilingus pour avoir repassé les chemises ! On n'en finirait plus....
Alors bref, pour en revenir à notre pub de merde, tout content de son initiative géniale, originale (oui, c'est bien le problème), le mec réclame déjà les félicitations pour la réalisation future de sa conception de repas du soir :
"Il n'est pas formidable ton p'tit mari ?" demande t-il à la grognasse.

Là, franchement, personnellement, je lui rigole au nez, je me barre au travail et il reçoit la convocation chez l'avocat par télégramme.

Mais non, la grognasse, bonne fille, reconnait bien volontier que Ducon fait des efforts, mais que, quand même, c'est pas trop dur, car il est aidé par www.leporc.com. Ben, oui, forcément ! Bon, c'est quand même un naze, parce que, de toute façon, il aurait pu penser à chercher des menus sur www.marmiton.org, www.cuisineaz.com, www.toquentete.net, etc, etc... ça ne manque pas sur Internet les sites de recettes.

Vous savez pourquoi dans les couples, à un moment donné, le désir s'émousse ? Il y a souvent un (une) adulte, qui gère la maison (des repas à l'expulsion de la poussière, en passant par l'entretien du linge) et l'autre qui ne voit rien, ne sait pas quand il faut faire les choses, n'imagine surtout pas que c'est TOUS les jours, se laisse vivre, de plus en plus, sans même penser à remercier l'autre qui prend tout en charge : un peu comme un enfant avec sa mère. Elle fait tout, ça lui paraît normal, rien à dire... Dans 87% (précis, mais largement estimée sur le coup par moi-même) des cas, c'est la femme qui fait ça, en plus de sa journée de travail.
Et par pitié, si vous commencez à vous rendre compte de cela, et que vous commencez à mettre la main à la pâte, par exemple en passant l'aspirateur, préparant un repas, changeant les draps du lit, arrêter de réclamer nos félicitations, c'est encore pire je crois ! N'imaginez pas non plus que "un repas préparé = une fellation", non, ce n'est pas aussi directement que revient l'égalité dans un couple. C'est aussi quotidien que le sont la vaisselle, les courses, la préparation des repas, la lessive. C'est prendre en charge au même niveau que l'autre l'intégralité des "choses" de la maison. A ce moment-là, la complicité revient tranquillement, et vous pourrez imaginer retrouver votre partenaire bien plus détendu pour les galipettes en tout genre. Vous vous souvenez quand vous faisiez l'amour dans la cuisine au début ? Oui, ben ça, c'est cool seulement quand la cuisine est nickel... Qui rêve d'un orgasme sur une cuisinière pleine de graisse, une table pleine de miettes, un sol révèlant des indices sur les 4 derniers repas ? Sérieusement !?....

Enfin bref, pour conclure, je trouve lamentable que la pub entretienne dans l'esprit des hommes que prendre l'initiation de faire UN repas est formidable et mérite félicitations. Alors, un conseil, quand vous écoutez la radio et qu'elle diffuse ce type de conneries, gardez-la radio portée de main pour zapper et enfin, échapper à ces matraquages insupportables et d'un autre temps !

Nb1 : merci au ministère de l'agriculture pour sa base de donnée de photos. Tiens, je vous en remets une pour le plaisir :
Non, ce n'est pas un fondant au chocolat, ni un gâteau au yaourt trop cuit. Non, ce n'est pas une crème brûlée....

C'est un lisier, c'est à dire un énorme bac géant contenant du caca de porc élevé en batterie, et dont on ne sait que faire.
Et tout ça parce que vous mangez trop de viande et que pour répondre à votre demande croissante, la production de viande est devenue industrielle et dégueulasse. Enfin, tant que vous n'habitez pas à côté du lisier, ce n'est pas votre problème hein ?
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4 octobre 2007 4 04 /10 /octobre /2007 14:53
Depuis une semaine, à la place des cheveux, j'ai une brassée de foin sur la tête : c'est pas chouette, ça ne se coiffe pas, bref, j'aime pas ça.

Aujourd'hui, les enfants sont à l'école, l'homme est au travail, je suis tranquille jusqu'à 16h10, alors je tente le chouchoutage des cheveux :
A 10h, je commence par fouetter un jaune d'oeuf et 10ml d'huile d'olive (+ 5 gouttes d'HE de lavande, ça sent meilleur et au cas où un pou traine par là...) et je m'étale ça sur la tête. A ce moment précis, il est vraiment important que personne n'arrive, c'est terrible, je ressemble à vieux punk aux cheveux raides et gras. J'emballe ma tête dans du film étirable. Je ressemble de moins en moins à quelque chose. Je verrouille la porte.
10H15 : un filet d'huile d'olive coule de derrière ma tête jusqu'entre mes seins, je viens de ruiner mon soutien-gorge. Je rajoute une serviette éponge par dessus le film transparent, surtout au niveau de la nuque.
11h30 : l'huile d'olive continue à me couler dans le cou. Je vais avoir la nuque bien douce...
13h : je mange avec tout le truc sur la tête, et je m'en rends compte à cause de mon reflet dans la porte du four. On s'habitue à tout en fait...
14h30 : bon, il est l'heure de rincer tout ça, je commence à avoir mal à la tête et je me sens lourde au niveau cérébral.
14h45 : sur les conseils de Holly, je vais laver mes cheveux avec le bousillant de saleté, ou Shikakaï, ramené au péril de sa vie par Franck de Paris. C'est un produit magique pour les cheveux et avec un masque à l'huile juste avant, ça devrait être fantastique.
15h : je laisse poser le shikakaï en commençant ce billet. Il faudrait que j'aille rincer maintenant.
.......
15h15 : les cheveux ont l'air doux, mais je vais laisser sécher pour voir vraiment le résultat. J'en profite pour passer l'aspirateur, qui n'aspire rien, comme d'hab... C'est vraiment des engins de merde, toujours en train de se bloquer quelque part. Je le vide, pour éviter d'entendre l'homme se plaindre quand il le fait... ça ne fonctionne pas mieux.
Bordel, mais où est passée la femme de ménage, ça fait 3 mois qu'on ne l'a pas vue !
15h30 : j'ai aspiré le tapis d'entrée à quatre pattes pour vraiment aspirer quelque chose. J'en ai plein le dos. Merde, plus que 40 minutes avant de partir récupérer les chieuses...
15h40 : mes cheveux ne sont pas si chouettes que ça, j'ai super mal au dos, ma maison est en bordel et dégueulasse, le linge traine, les pommes pourrissent dans le grand sac plastique au pied de la table de la cuisine. Ma journée était pourrie.

Allez, c'est parti pour la fin : 15 min de repassage, récupérer les monstres, les entendre gueuler pendant 20 min car elles voulaient aller à pied au judo (mais surtout pas porter les kimonos ou les manteaux ou le sac d'école), parce que le goûter n'est pas à leur goût, parce qu'elles se détestent et qu'elles ne veulent plus jamais se (ou me) voir, me taper la séance de judo, les devoirs, le repas, les redisputes....
Je veux partir loin, dormir à l'hôtel où la chambre est nettoyée tous les jours, me faire masser dans un institut thalasso, manger des menus dont j'ai la surprise et me reposer vraiment.
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29 août 2007 3 29 /08 /août /2007 18:36
Quand on est à la maison, pendant les vacances par exemple, le téléphone sonne-sonne, le téléphone nous emmerde tout le temps. Une nouvelle cuisine, un filtre anti-calcaire, une nouvelle chaudière, un nouveau téléphone ? oui, vous pouvez tout avoir si vous le souhaitez, et pas cher, parole de vendeur, une bonne partie étant offerte gracieusement pour vous, vous, oui, vous seulement ! La semaine dernière, j'ai même eu une offre exceptionnelle, pour moi seulement, car je le vaux bien : une séance gratuite sur un appareil minceur dans un institut de soin et de fitness. Manque de pot, enceinte de 6 mois, ça m'intéresse assez peu, d'autant plus que j'ai à peine pris les kilos "réglementaires", les standards de la grossesse : 1 kg par mois ! plus c'est trop ! moins, c'est pas assez ! Bref....

Pas démontée, la télémarketrice me propose donc un soin GRATUIT du visage, spécialement pour moi-même, (future) cliente exceptionnelle déjà très chouchoutée. Franchement, moi qui adore ça, je n'allais pas dire non ! Rendez-vous est donc pris, confirmé par courrier postal (par l'institut), reconfirmé la veille par téléphone (par la télémarketrice), car, que voulez-vous, les gens ont tendance à ne pas respecter les trucs gratuits...

Et aujourd'hui, c'était le grand jour. On peut dire que ça tombait bien, un moment de détente pour moi qui en ai tant besoin en ce moment.

Le lieu n'est pas glamour : bâtiment rectangulaire parmi d'autres bâtiments rectangulaires, dans une zone commerciale, en bord d'autoroute. En plus, il pleut... Bon, l'avantage d'un truc au milieu de nulle part, c'est qu'il n'est pas difficile de se garer.

L'institut lui-même est un cocon bien aménagé, qui ne reflète pas son enveloppe. Parquet clair, espaces aérés, propres. La greluche de l'accueil porte un blouson en cuir, tiens, c'est horriginal pour un institut de beauté... Elle me propose de patienter en attendant qu'elle soit disponible, car elle trie des papiers. Faut dire que je suis en avance de 5 minutes, keep cool.
D'une salle de fitness me parvient une musique bien rythmée de merde, bien insupportable, tout à fait hors de ma culture, avec des voix synthétiques de chanteuses aux corps parfaits, tout plastique, dont j'imagine les clips pathétiques de tortillages de fesses temporairement idéales.

Dans l'espace d'attente, quelques magazines, méga-vulgaires qui proposent à leurs lecteurs les bruits de couloir des stars du show-biz, leurs amours, leur cellulite, leur overdose, leurs enfants, leur déchéance après le succès. C'est atroce, et en plus, je ne connais pas la moitié des personnes dont il est question. Je vieillis, je ne connais plus les stars ! Bien sûr, le fait de ne pas avoir la télé ne m'aide pas. Ceci dit, la littérature à disposition m'aide à identifier encore mieux l'espace où je suis...

Au bout d'un moment, la gourdasse en costume de motard me propose de visiter les différentes salles, à commencer par l'espace fitness et ses machines de torture spécialement conçues pour les femmes, parce que nous les femmes, nous ne sommes pas pareilles que les hommes et nous n'avons pas envie qu'ils nous regardent agiter notre cellulite. Ceci dit, elle me dit ça alors que j'ai un corps de rêve, et donc je m'en fous. Les trois mamies adipeuses présentes me confirment visuellement que je n'ai rien à faire dans cette salle là. D'autant que cette musique de merde, ah.... non, je ne pourrais pas !

Sinon, il y a les salles de soins pour le corps, dont elle me montre les portes. C'est des portes, toutes simples.... Et les salles de soins du visage, avec des portes identiques : c'est mieux d'avoir fait un couloir uniforme en terme de portes, je suis bien d'accord...
Et puis, j'aimerais qu'elle arrête de me parler de trop près, elle a l'haleine dégueulasse de la fumeuse, ça fait désordre dans un institut qui prône la santé, la beauté, la perfection !!!...

Ensuite, elle me conduit à un bureau où elle me présente la mascotte, un tout petit chien qui navigue partout tout seul, erk... ça, c'est pas génial en terme d'hygiène selon mes normes. Mais ça fait toujours fondre les mamies qui adddôôôrent les petits chiens ! Le bureau, c'est pour remplir un questionnaire sur mes goûts, mes habitudes en terme de soins esthétiques. Et ensuite, je retourne réattendre avec le magazine aux stars au top, aux stars déchues, c'est plus fort que moi, ce magazine est affolant, mais ça vaut coup de voir ça quand même.
Entre temps, quelques mémères arrivent, culottes de cheval, gros bide mou et sac de sport. La motarde leur parle comme à des vieilles amies de toujours, mais d'un genre vulgaire. Moi, j'aurais envie d'un minimum de classe, de distinction, de sobriété discrète. Alors que là, c'est différent, la patronne parle fort, l'air entendu de la nana qui sait ce qu'il nous faut, sûre d'elle, de son salon, de son petit chien qui traine partout, de sa clientèle captive qu'elle tient à bout de bras, à coup de compliments lancés haut.

J'attends et je vois tout ça. Elles me parlent des soins qu'elles pourraient éventuellement m'offrir, celui-là ou celui-là, leurs avantages, inconvénients, un qui n'est pas très agréable, mais terriblement efficace, qui consiste à m'abraser le visage avec de la poudre de diamant, et un autre beaucoup plus doux et agréable : oui, je veux ça, pas le diamant pilé !!!

Une heure plus tard, durant laquelle j'ai eu l'occasion à plusieurs reprises de mesurer à quel point ce lieu était vulgaire, bruyant grâce à son public, son personnel, sa musique et ses revues, l'esthéticienne vient me chercher pour m'installer dans une cabine. La pauvre a une drôle de tête et essaie de faire bonne figure : elle a raconté tout à l'heure au carrefour (de la salle de fitness, de l'entrée, des autres salles aux portes identiques) qu'elle avait une migraine depuis ce matin et que rien ne la faisait passer. Vous vous imaginez faire des soins avec une migraine ?! Je la plains amèrement, mais elle s'en sort carrément comme une pro, très professionnelle.
Et nous voilà parties pour le soin agréable : elle utilise différents outils, une spatule pour m'enlever les irrégularités de peau, une pipette aspirante qui me palpe-roule le visage, puis des bouts de truc métalliques de couleur bleue qui me chauffe la crème pour en optimiser l'effet. J'ai l'habitude des mains de l'esthéticienne, c'est un peu moins sympa toutes ces machines... mais contrairement aux mains de l'esthéticienne, ça ne sent pas l'ail. Oui, ça m'est arrivé souvent que les mains de l'esthéticienne gardent les souvenirs odorants des précédentes recettes familiales, mais c'est humain, ça rassure sur les gens qui finalement ne font pas que réchauffer des Findus...

Bref, un soin en effet agréable, d'où je ressors la peau lisse et douce, hydratée et toute belle, comme après un soin en institut, normal...
Et c'est là que le grand jeu commence. L'esthéticienne, dont je salue encore le courage et le professionnalisme, me laisse aux mains de la motarde à l'haleine de cowboy tabagique. Pour quoi, je vous le demande ! j'ai eu mon soin gratuit, je peux partir, non ?

Mais non, je sais bien que le plus agréable est passé et que désormais arrive la partie commerciale du rendez-vous, la partie où je vais finalement payer et payer cher mon soin gratuit.
Leur argument principal est que pour prendre soin de la cliente (quasi-patiente), ils cherchent à vous enfiler des forfaits, des abonnements de 25 séances, parce que l'important, c'est la régularité pour un effet optimal des soins.
Ainsi, la motarde me sort la liste de tous les soins auxquels je pourrais avoir accès en me prenant un abonnement, tarif intéressant mais qui peut être encore plus intéressant pour moi, leur cliente privilégiée. Pour avoir ce tarif encore plus intéressant, elle doit appeler la patronne, la seule à pouvoir faire le tarif exceptionnel pour la cliente de choix.
Alors voici la patronne qui rapplique, réfléchit, retourne voir ce qu'elle peut faire, le mieux pour moi, le moins cher. Au bout de 5 minutes et d'un aller-retour dans le bureau, la revoilà avec un tarif 30% inférieur au premier donné par la motarde, super intéressant non ? Il ne faut pas que je réfléchisse, c'est trop intéressant pour ça, et l'offre est si exceptionnelle qu'elle n'est que temporaire, elle risque de m'échapper. Elle sait bien, et moi aussi je le sais (hein, vous le savez aussi bien que moi), vous avez besoin de ces soins, l'épilation, toutes les 3 semaines, obligatoire, les soins du visage, une bonne régularité seule garante du résultat, de toute façon, je les ferais tous ces soins ! et là, en plus, une super promo que je ne peux pas laisser passer si je suis vraiment une femme intelligente et avisée.
La motarde a laché l'affaire, elle regarde la patronne faire son show de commerciale très très entrainée aux techniques sophistiquées qui permettent d'enfiler n'importe quoi à n'importe qui. Malheureusement, moi je suis plutôt du style à profiter du soin gratuit sans m'engager à payer quoi que ce soit derrière. Bien sûr, pour cela, il faut être sévèrement résistant.
Après 20 minutes de travail, au cours desquels elle me sort tous les éléments du manuel, flatterie, appel à mon intelligence, à mon sens des affaires, et où parallèlement, je recalcule tous les chiffres qu'elle me fait briller de manière artificielle (je lui ai piqué sa calculette...), je lui confirme que je ne m'engage pas comme ça, que je dois réfléchir. Elle sent que ce n'est pas gagné et elle me donne un délai ultime, au delà duquel elle ne pourrait pas maintenir son offre si exceptionnelle : demain matin 8h sans faute, je peux encore réussir à signer le contrat, au délà, tout sera perdu, mes poils pousseront sans fin, ma peau restera terne et constellée de points noirs, je ne ferai pas partie du cercle privilégié des clientes de l'institut.

Deux heures après mon arrivée, me voici repartie, la peau lisse et douce mais le porte-feuille non dégarni de la modique somme de 1500€  qui m'aurait pourtant ouvert les portes de la beauté du corps et du visage.



Pour approfondir et connaitre les combines des commerciaux et télémarketeurs si avides de vous offrir de la gratuité très très chère, voici un très bon bouquin, très agréable à lire, plein d'exemples :
Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois (Presse universitaire de Grenoble, en 2002)



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